Nos jours – en cours

Tentative de revenir à une photo de rue qui serait l'occasion de renouveler ma vision de la ville avec un regard plus centré sur l'individu, ou peut-être sur sa façon d'occuper l'espace. Avec évidemment, au passage, l'ambition de parler de notre société et de "nos jours", parce que je crois que c'est ce qui fait l'intérêt de ce genre de travaux. S'il s'agissait juste de guetter l'heureuse coïncidence entre un décor, une lumière, la position des personnages et celle du photographe pour saisir un instant magique sensé nous rassurer sur la poésie du monde, ce serait finalement assez bête. Donc au lieu de ces moments forts et beaux que l'on voit si souvent, je préfère des instants a priori faibles, mais tellement porteurs d'interprétations et de sens. Alors bien sûr, époque oblige, les téléphones sont très présents, mais essayons de ne pas voir que ça !


Un deuxième volet de l'expérimentation concerne la présentation, prélude à une mise en forme en livre, j'espère. Dans la première série, une simple page blanche à droite ou à gauche de l'image suffit à en orienter la lecture ou à en renforcer le sens. Peut-être cette page blanche nous parle-t-elle immédiatement comme une surface en attente de contenu, ce que j'ai appelé un réservoir de potentialités à propos des écrans de Noirlac. Et il est très intéressant de placer la même image à droite ou à gauche de la double page et de constater à quel point la perception même des volumes et des espaces peut, parfois, s'en trouver modifiée.


Dernière remarque : ce sont des travaux bâclés ! Deux assez courtes séances de prise de vue à Nîmes, une seule matinée à Marseille. Ben alors !, normalement on travaille des mois avant de montrer quelque chose !... Pourtant, en plus de l'atmosphère propre à chaque ville, j'ai l'impression que cette façon de procéder préserve l'esprit du moment, l'instinct plutôt que la raison, en somme... Cela expliquerait pourquoi je n'arrive pas bien à mélanger les photos des deux séries, ni même à adopter une construction identique pour les deux. Du coup, j'assume volontiers les faiblesses inhérentes à l'exercice parce que je crois y entrevoir quelque chose de fécond.


Nîmes – XI/23

Marseille – I/24

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